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Les collections de Mr Coyote version 2.0
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4 août 2007

Chuck Jones, créateur de Wile E. Coyote et Beep-Beep

Chuck Jones (Charles M. Jones), le dernier des grands ténors warnériens du cartoon hollywoodien, est né le 21 septembre 1912 à Spokane dans l’Etat de Washington. Il a grandi à Hollywood, où, figurant dans des films de Mack Sennett, il s’est frotté très tôt à l’art de la comédie de Charlie Chaplin ou de Buster Keaton, qu’il observait sur les plateaux. «Le muet était une excellente école. J’y ai appris des tas de choses : le rythme, l’expression du visage».

Formé au Chouinard Art Institute, il exerça divers métiers au moment de la dépression économique (marin, portraitiste, cow-boy, marionnettiste). En 1932, Il a vingt ans lorsqu’il décroche son premier boulot dans l’animation chez Ub Iwerks, premier associé de Walt Disney. L’industrie du dessin animé est alors en plein âge d’or. Chuck fait ses débuts ... en nettoyant les cellos. Sur ces feuilles transparentes sont dessinées les différentes pauses des personnages. En les effaçant, Jones décrypte les codes du métier. Chuck Jones claque la porte des studios Disney où il travaillait à un peu tout. Les manières dictatoriales de Walt le débectent, Chuck n’est pas fait pour créer des Bambi et de l’émotion de glycérine. Chuck préférera toujours la nitro-glycérine ! De plus, les studios Disney le soupçonnent avec raison de créer en catimini, avec quelques contestataires de l’équipe, des films où Mickey et Minnie se livrent à des ébats sexuels impressionnants !

En 1936, il devient dessinateur au Leon Schlesinger Studio, qui sera bientôt racheté par la Warner. Là, il rejoint l’unité de production de Tex Avery au sein de l’équipe des Merrie Melodies, puis des Looney Tunes. Il y est l’assistant du maître Tex Avery, star du déjantage animé, et grimpa rapidement les échelons (tant dans la création que dans la dynamisation des personnages et dans la mise en scène). Le studio fournit alors une trentaine de dessins animés par an à la Warner Bros., diffusés en avant-programme des films. Chuck Jones participe à la création collective, avec Avery, Bob Clampett, Fritz Freleng, Bob Cannon, Ben Hardaway, Mel Blanc («l'homme aux mille voix » qui fut la voix originale de la plupart des vedettes maison), le musicien Carl Stalling et moult maquettistes et cartoonistes, comme Frank Tashlin (dit «Tish Tash»), du lièvre Bugs Bunny et du canard Daffy Duck, deux personnages rouscailleurs, l’un impassible et dérangeant comme Groucho Marx, l’autre râleur et hyponcondriaque tel W.C. Fields.

Chuck et ses amis étaient des anars, des rigolos contestataires. Et pouvaient se le permettre parce que doués d’un talent immense dont les vagues se font encore ressentir aujourd’hui. Ces « fantaisistes » étaient aussi des bourreaux de travail : chaque petit film nécessitait six mois de boulot, un budget de 20.000 dollars de l’époque et environ dix mille dessins ! «Faute d’avoir le temps d’expérimenter comme chez Disney, on oeuvrait à la cadence d’un film toutes les cinq semaines». C’est sans conteste le marathonien Chuck Jones qui fit la plus longue carrière à la Warner, des années 30 aux années 60, en produisant une dizaine de cartoons par an.

En 1937, il réalise son premier dessin animé, The Night Watchman, qui est distribué en 1938. Cinq mille dessins sont réunis pour ce film de six minutes. L’année suivante, il anime Daffy Duck dans Robin Hood makes Good. La recette de son humour s’y affirme. Dans une séquence restée célèbre, Daffy-Robin des bois saute d’un arbre à l’autre en s’accrochant à une liane. «Parbleu ! En avant !»´ crie-t-il ... avant de se ramasser sur le tronc d’un arbre. Il remet ça ... et se prend un nouveau tronc. Et rebelote cinq fois.

Dans Prest-O Chang-O (1939), Jones imagine un lapin muet qui tourne un chien en bourrique avec des tours de magie. Le succès du personnage incite Tex Avery à le développer l’année suivante en lui donnant la parole, un nom et une répartie, What’s up, Doc? (Quoi d’neuf, docteur ?). Bugs Bunny est né.

En quatre films, Chuck Jones s’impose. En 1940, il crée Elmer Fudd, le chasseur bègue. En 1945, c’est Pépé le putois (Pepe le Pew, en anglais, with a french accent, Mademoiselle !, un putois perpétuellement en quête de bonnes fortunes, nanti de surcroît d’un accent français) qui lui vaut un premier Oscar en 1949. En 1948, c’est Marvin le Martien. Chuck Jones créera personnellement le pirate furibard Yosemite Sam, le diable de Tasmanie hurleur, le gentillet Sniffles (un rongeur renifleur), le cochon Porky, que l’on retrouvera bien plus tard aux côtés du canard postillonneur Daffy Duck dans les aventures de Duck Dodgers, et le chat de gouttière Sylvestre.

Il donna aussi les meilleurs rôles au lapin lunatique Bugs Bunny pastichant Brunehilde dans What’s Opera Doc, 1957, l’un de ses films les plus célèbres, qui met aux prises Elmer et Bugs Bunny sur fond musical wagnérien. Même si bugs Bunny fut une création de Tex Avery, Chuck Jones fut l’un des animateurs les plus talentueux de Bugs Bunny, qu’il transforma graphiquement, avec l’aide de ses complices Fritz Freleng et Bob McKimpson, pour le « Bugs Bunny Show » d’une chaîne de télé américaine. Son art reposait sur un sens inné du burlesque et du rythme, doublé d’un regard tendre sur les perdants: « Dans mes rêves je suis Bugs, mais au réveil je redeviens Daffy ».

Mais le chef d’oeuvre de Chuck restera la série des courts métrages consacrés à Road Runner et à Wile E. Coyote, devenus Bip-Bip et Vil Coyote en français. Sur les routes désertiques de l’Ouest américain, une sorte d’autruche, mâtinée de casoar casqué, file tel un volatile supersonique pour échapper à l’appétit vorace d’un coyote crevant la dalle dans un monde de pierres et de poussière. « La course du Road Runner a une dimension universelle. C’est une parodie de l’aventure humaine.» Le coyote famélique s’évertue à attraper l’oiseau moqueur. Dans les décors minimalistes évoquant le Grand Canyon, Jones met en scène une oeuvre cruellement drôle, où il se moque de la passion de ses contemporains pour les gadgets inutiles vendus par correspondance. Génial inventeur de pièges en tout genre (catapultes pour rochers et explosifs), peintre de faux tunnels sur des murailles, creuseur de trous munis de souricières géantes, fabricant de trains pour écraser sa proie, Vil est toujours victime d’un sort funeste : il a beau tout essayer pour capturer sa proie, il échoue toujours. Ses propres rochers l’écrasent, les bâtons de dynamite lui explosent à la figure, les locos écrabouillent ses pattes, les enclumes lui tombent sur la tête. Et, surtout, scène récurrente dans la série, le Coyote tombe dans des abîmes sans fond sous le « bip-bip » moqueur du road runner.

Avec Bip-Bip et Vil Coyote, Chuck Jones se démarque vraiment de son père spirituel Tex Avery ... Là où Avery pratiquait l’art de l’accumulation, de la provocation sexuelle et de l’hystérie gagnant une société qui ne méritait pas mieux, Jones épure le trait de ses personnages, stylise les décors en subissant l’influence des peintres américains de l’époque et introduit une nouvelle philosophie. Vil Coyote vit dans un monde vide de toutes règles ou de règles qu’il ne comprend pas. Il erre dans les punitions injustes que ses géniales inventions lui attirent ... Il marche dans le vide en espérant vainement qu’il ne tombera pas.

On peut voir, aussi, en lui, le quidam moyen courant éternellement à la poursuite du rêve américain, devenu le cauchemar de la consommation, personnifiée par Bip-Bip, qui ne peut que le mener à la chute. Vil tente d’être social dans un monde qui nous éduque à cela, mais où la puissance gouvernante, celle de l’économie, celle qui nourrit l’affamé, est définitivement asociale pour les marginaux dont la seule solution à leur problème serait d’être fataliste mais qui ne l’acceptent pas : d’où la quête perpétuelle de Vil aux trousses de Bip-Bip.

Le chic de Chuck est d’enseigner ce message avec la puissance de l’humour et un tir en rafales de dix gags à la minute.

Les états de service de Chuck Jones ne s’arrêtent pas là: durant la guerre, il dirigea la célèbre série humoristique des Private Snafu (destinée tant au repos qu’à la formation du guerrier); puis contribua grandement à la création d’un nouveau studio en rupture de ronron narratif et stylistique, l’UPA (United Productions of America), en supervisant, en 1944, la réalisation de Hell-Bent for Election, film de propagande électorale à la gloire de Franklin Roosevelt. Auparavant, il milita lors de la fameuse grève des studios Disney (ce qui ne l’empêchera pas de participer dans les années 50 au peaufinage de Cendrillon à Burbank). Il rejoint pour une brève période l’équipe de Walter Lantz (père de Woody Woodpecker) en tant que gagman, peu avant la fermeture du département animation de Warner Bros.

Début des années 60, la production de dessins animés pour les salles est en crise. Quand, à l’avènement de la télévision, Bill Hanna et Joe Barbera, remerciés par leur employeur (la MGM) après dix ans de compagnonnage avec Tom and Jerry, fondent leur propre société pour se lancer dans la série télé moutonnière, Chuck Jones relaie un moment le glorieux tandem, reprenant la série sans grand succès. Il reconnaissait lui-même que ces personnages n’étaient pas les siens: « Les Tom & Jerry que j’ai faits ressemblaient au Road Runner et au Coyote travestis en chat et en souris.»

L’âge d’or du cartoon révolu, Jones n’abandonnera jamais l’animation pour autant, oeuvrant jusqu’à son dernier souffle pour la télé (parfois en collaboration avec Dick Williams, le papa de Roger Rabbit), la publicité et quelques longs métrages. En 1962, Chuck Jones rompt tout lieu avec la Warner et écrit avec son épouse Dorothy un scénario original pour UPA, Gay Purr-ee, une comédie musicale où l’on retrouve les voix des stars de l’époque, comme Judy Garland. En 1965, il met en scène The Dot and the Line, animation inspirée d’un roman de Norton Juster, qui sera récompensé par un Oscar et nommé au Festival de Cannes pour la Palme d’or du meilleur court métrage. En 1970, il réalise lui-même The Phantom Tollbooth, une fantaisie inédite toujours en France. En 1972, il est nommé vice-président d’ABC, chargé des programmes pour l’enfance, après avoir réalisé de nombreux films à succès pour la télévision, comme Dr. Seuss’How the Grinch Stole Christmas. Il créera également sa propre société de production, Chuck Jones Enterprises, qui travaille pour la télévision.

Auteur de plus de 300 bandes burlesques, Chuck Jones va totaliser quatre oscars : un en tant que producteur, deux comme réalisateur ( « For Scent-imental Reasons » et « So Much for the Little ») et un ultime pour l’ensemble de son oeuvre, en 1996, « ces dessins animés qui sont autant de classiques et ces personnages dont la vie animée a apporté tant de joie aux gens réels pendant plus d’un demi-siècle », et devient membre honoraire à vie de la Director’s Guild of America. Dans la liste des 50 Meilleurs Cartoons Américains, Chuck Jones réussit le tour de force d'occuper cinq des dix meilleures places pour les meilleurs cartoons de tous les temps… « Pas mal pour un homme qui avoue être secrètement très proche de Daffy Duck »  juge avec pertinence l'ouvrage de référence Warner Bros., Secrets et Tradition de l'Animation.

Depuis, il n’a pas cessé de dessiner, mais a quitté les écrans pour les cimaises. Ses œuvres ont été montrées dans plus de 250 galeries et musées dans le monde et achetées par les plus grands collectionneurs. Il compte au rang de ses admirateurs les cinéastes Peter Bogdanovitch, George Lucas et Steven Spielberg, qui ont plusieurs fois confessé l’influence de l’animateur sur leurs propres films. A 85 ans, il avait renoué avec la Warner en signant un contrat de superviseur du département animation et lâché ces quelques mots : « A mon âge, vous ne pouvez vous engager que pour les cinquante prochaines années ...»

A Montréal, lors du discours d’ouverture de la première Rétrospective mondiale de l’animation, en 1967, l’auteur de Chuck Amuck (1) s’étonnait qu’« après avoir, durant tant d’années, prouvé leur capacité à distraire, amuser et stimuler le public, les grands animateurs aient moins droit à la parole que les administrateurs de la télévision». «Ce qui me surprend encore plus, ajoutait-il, c’est que nous leur ayons si passivement lâché la bride sur le cou. Je crois qu’il est temps de considérer que ces gens ne sont que les mouches du coche sur notre croupe.» «L’animation, telle que je la conçois, est l’art de l’impossible ... le seul capable de créer une forme de vie inconnue à partir d’un morceau de tissu ou de papier », déclarait aussi celui qui garda sur le tard une allure de grizzli sarcastique au regard éternellement jeune. Chuck Jones a raconté qu’il ne pensait jamais au public lorsqu’il dessinait, se référant seulement à son propre sens de l’humour. « Ces dessins animés n’ont pas été créés pour des enfants, ni d’ailleurs pour des adultes. Ils ont été faits pour moi », avait-il expliqué.

L’influence de Chuck Jones et de Tex Avery atteint encore les films récents. Un « cartoon » de Chuck Jones, c’est de l’indémodable. Intemporel comme le non-sens car fonçant dans tous les sens interdits de la logique consensuelle. Adoré par les gosses, qui voyent et revoyent ses animations à la télé, apprenant ainsi, avant de déchanter à l’âge des pantalons longs, que tout est possible. Et redonnant de l’énergie au plus raplapla des adultes ... Alain Chabat revendiquait l’humour et la dynamique de Chuck Jones pour son « Astérix et Cléopâtre » dans laquelle une scène, celle où Astérix file à la vitesse de Beep-Beep dans le désert égyptien, est un hommage direct.

Cette esthétique du dessin animé corrosif, si on ne la trouve plus dans les longs métrages populaires actuels d’animation (mêmes le géant « Shrek » ou les créatures volant les cris d’effroi des enfants de « Monstres et compagnie » finissent dans un conformisme moralisateur alors qu’Avery et Jones favorisaient le libre-arbitre), cette esthétique, cette philosophie du « quand on a essayé le raisonnable et que ça ne fonctionne pas, essayons le déraisonnable » hantent les comédies américaines d’aujourd’hui qui fonctionnent sur le choc de la provocation ou du « ça ne se fait pas » ...

Si Chuck Jones et Tex Avery n’avaient fait pousser de nouvelles graines sur le champ du politiquement incorrect, jamais des films tels « Mary à tout prix », « American Pie », « Zoolander », « Animal » ou ceux de Jim Carrey n’auraient vu le jour. Depuis quarante ans, les cartoons de ces maîtres, dont la vitesse et la force comique des récits ont transformé la dynamique des oeuvres d’humour, inspirent les réalisateurs.

Jerry Lewis, les « Panthères Roses » de Blake Edwards, les premières folies de Roberto Benigni, le Jamel, les Robins des Bois et les Nuls du petit écran ou mêmes l’Alain Resnais de « I want to go home », le Godard de « Pierrot le fou », le Truffaut de « Tirez sur le pianiste » et le Poelvoorde de « C’est arrivé près de chez vous », ont, dans leur esprit, quelque chose de Chuck et de Tex.

L’influence de ces artistes de l’animé fut immense. Dépassa le champ cinématographique. Engendra une génération qu’on appelle contestataire. Celle qui participa à l’utopie de mai ‘68 et décida de faire manger un bâton d’explosif à la société conformiste d’alors avait été nourris, on ne l’a pas assez souligné, des dessins animés de Jones et d’Avery. Papa et maman, à la fin des années ‘50, conduisaient leurs chers petits dans des salles programmant un festival de films de Beep-Beep et de Bugs Bunny. Ah, qu’ils devenaient braves et calmes les petiots face à ces animations pour « n’enfants sages ». Mon oeil, oui ! Qu’apprenait-on à ces séances ? A tout faire péter ! A exploser la gueule des empêcheurs de vivre et des tueurs de fantaisies ! A prendre joyeusement dans un piège à souris ceux qui nous fournissaient des carottes avariées pour s’enrichir ! A casser ce qui n’était pas terrier pour bonheur de vivre ! On apprenait que tout était possible si, comme Bugs Bunny, on osait...

Rentrant à la maison avec la mine gentille et sérieuse de Droopy, on leur disait à nos géniteurs « You know what, I am happy ». Mais notre conscience nous sussurait « What’s up, doc’ ? » et on lui répondait qu’un jour on oserait, oui, mettre le feu aux imbécillités de la société en étant aussi insolents que Bugs ! Et tant pis si, à la fin, on connaîtrait le triste sort de Daffy Duck, de Pépé le Putois ou de Vil Coyote qui, même s’ils peuvent apparaître ridicules, ont le courage de persévérer.

Depuis, les personnages de Chuck, de Tex et des autres, Titi et Grosminet, Speedy Gonzales et Yosemite Sam, fiers brûlots qui eurent plus d’importance que les instits à l’époque, ont été récupérés par le marchandising et les parcs à thème. Bugs Bunny et Vil sont en cage. Les jeunes ne connaissent plus que leur inoffensif caractère pelucheux. Une chose étonne. Alors que les plus de 50 ans, enrichis, eux, du bon lait explosif d’origine de Jones et d’Avery, et ils doivent s’en souvenir, subissent, ces temps-ci, affronts sur affronts, dans le monde du travail qui, chaque matin, se débarrasse d’eux comme des chiffons ayant trop servis, pourquoi n’utilisent-ils pas l’énergie combattive du Diable de Tasmanie ou de Bunny pour renvoyer ces « videurs » dans les cordes et leur faire payer leurs vilenies ? Peut-être parce que la forme d’humour rentre-dedans d’aujourd’hui n’est plus combattive à la Chuck Jones. Et a pris, en général, la forme du rire sardonique et non-agissant des Guignols qui font rigoler, oui, mais sans nous sortir, énergisés, de nos fauteuils ...

Chuck Jones est décédé à 89 ans, chez lui en Californie, suite à des complications cardiaques. Puisse sa mort rappeler que la vitesse du mouvement et la baffe du rire utilisés à la manière des judokas peuvent faire exploser des montagnes sociétales qu’on croit infranchissables.

Source : Luc Honorez (Le Soir), Michel Roudevitch (Libération), février 2002

(1) Chuck Jones, ou l’Autobiographie débridée du créateur du Bip-Bip, du Coyote et de leurs amis, préfacé par Steven Spielberg, édité chez Dreamland.

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