Nick Rodwell, main de fer dans un gant de velours

Un charmeur, un passionné, exigeant pour les autres mais surtout pour lui-même.
Et qui agace ses détracteurs.

Pour définir Nick Rodwell, aucune expression ne convient mieux qu'"une main de fer dans un gant de velours". Avec Fanny, qui fut la seconde épouse d'Hergé (1907 - 1983), ce quinquagénaire britannique forme un couple en or. En or massif, ricaneront les langues fourchues. Mais non : c'est bien d'amour qu'il s'agit. Et ce couple est fidèle à la mémoire d'Hergé : puisque ce dernier ne voulait pas que Tintin vive d'autres aventures après sa disparition, jamais ne fut-il question, pour Fanny et Nick, que soient mis en chantier de nouveaux albums, à la différence - rentable - de "Blake et Mortimer", par exemple. Si Fanny est présidente des Studios Hergé (dont la mission est de protéger, d'étudier l'oeuvre du génial artiste belge en assurant la conservation de ses archives, l'organisation d'expositions en Belgique et à l'étranger, ou l'exploitation du musée Hergé qui ouvrira enfin ses portes à Louvain-la-Neuve en mai 2009), Nick Rodwell, quant à lui, est administrateur-délégué de la s.a. Moulinsart, société commerciale qui s'occupe des droits sur l'oeuvre (produits dérivés sous toutes formes, en ce compris les films que Spielberg a l'intention de produire). Nick Rodwell ? Un charmeur, qui n'a pas peur de s'entendre malmener; intransigeant à la fois en affaires et en amitiés; un bourreau de travail, lève-tôt/couche-tard, aimé par son entourage, très impliqué dans son travail. S'il écoute ses collaborateurs, c'est lui, bien sûr, en fin de compte, qui tranchera, qui donnera (ou pas) le feu vert. Son inflexibilité lui vaut des ennemis. Tenir le rôle du méchant loup ne l'effraie pas mais ne l'amuse pas, non plus. Ses détracteurs le maudissent : ainsi, reprenant une injure du capitaine Haddock, Pierre Assouline (biographe de Hergé en 1996, chez Plon) traita naguère Nick Rodwell de "bayadère de carnaval" parce que le mari de Fanny lui reprochait de n'avoir discuté, pour son livre, qu'un après-midi avec elle. Allons ! Comme l'a dit Talleyrand : "Ce qui est excessif est insignifiant".

Source : La Libre Belgique